Peter Klasen (1935–)
Titre : Nu Manette M1
Année : 2002
Technique : Lithographie en couleurs, signée et numérotée au crayon
Édition : 11/150
Dimensions de l’image : 57 x 48 cm (22,5 x 19 in.)
Dimensions avec marges : 76,2 x 58,4 cm (30 x 23 in.)
Description et analyse critique
Dans Nu Manette M1, Peter Klasen poursuit son exploration de l’imaginaire visuel contemporain en hybridant fragments de corps, signes mécaniques et éléments industriels. La lithographie juxtapose l’image crue d’un buste féminin nu à des détails de manettes, cadrans et typographies fragmentées, organisés en aplats de couleurs franches – rouge, jaune, bleu et gris – qui rappellent l’esthétique de la signalétique urbaine et de la publicité.
Ce contraste frontal entre l’intimité charnelle et la froideur des objets techniques met en scène la tension au cœur de l’œuvre de Klasen : l’opposition entre l’humain et la machine, entre le désir et le contrôle, entre la sensualité et la standardisation industrielle. La femme, fragmentée et réduite à son corps, devient le centre d’un dispositif mécanique, presque manipulée par l’environnement qui l’encadre.
La composition fonctionne comme un collage visuel où chaque élément est autonome mais relié dans un système sous-jacent de forces. La manette dorée, placée comme un interrupteur, devient le symbole de pouvoir et de domination, tandis que la typographie lacérée introduit une dimension critique, dénonçant les dérives d’une société où le corps est consumé comme une marchandise.
Ainsi, Nu Manette M1 illustre la force subversive de Klasen : une esthétique séduisante et pop qui interroge pourtant, avec acuité, les violences visuelles et symboliques de la modernité.
Notice biographique
Peter Klasen, né à Lübeck en Allemagne en 1935, est l’une des figures majeures de la peinture narrative et critique des années 1960. Formé à l’École des Beaux-Arts de Berlin, il s’installe à Paris en 1959, rejoignant l’avant-garde artistique qui, aux côtés de la Figuration Narrative, s’opposait à l’abstraction dominante.
Son univers visuel puise dans l’iconographie industrielle, la publicité, les codes de la signalétique et la culture de consommation. Klasen développe un langage plastique singulier où le corps humain, souvent fragmenté, est mis en relation avec des objets techniques, des cadrans, des mécanismes ou des surfaces métalliques. Cette esthétique, qui associe figuration et dispositifs graphiques, propose une critique lucide de la société de consommation et de ses dérives, notamment la marchandisation du corps féminin et la froideur des environnements technologiques.
Ses œuvres, largement exposées en Europe et dans le monde, figurent dans de nombreuses collections publiques et privées. Fidèle à son approche critique et politique, Klasen continue d’explorer les tensions entre l’homme et son environnement technologique, confirmant sa place dans l’histoire de l’art contemporain comme l’un des peintres les plus incisifs de sa génération.