Artiste : Édith France LESPRIT
Série : Les Gubabingus, Australie
Titre : « Pêche au harpon » Les Gubabingus, Australie
Technique : Photographie prise par Édith France Lesprit avec un appareil photo Yashica en 1966. Numérisée par le photographe Pascal Danot en 2011 et imprimée, numérotée au crayon et signée au crayon par Lesprit dans une édition limitée à 30 épreuves.
Signature : signée sur le passe-partout
Tirage limité : Édition limitée à 30 exemplaires, numérotées au crayon sur le passe-partout.
Dimensions : dimensions de la photo sans passe-partout: 30 x 30 cm (11,8 x 11,8 pouces)
Notes : La photo est sous un passe-partout blanc 40x40cm, prête à être encadrée. Certificat d'authenticité.
Descriptif :
Dans « Pêche au harpon », Édith France Lesprit saisit une scène de vie quotidienne à la fois discrète et symbolique. Deux enfants aborigènes, perchés sur un tronc d’arbre effondré au-dessus d’une rivière, sont figés dans un instant de tension silencieuse. Le garçon, debout, harpon levé, semble vouloir prouver quelque chose — non seulement sa maîtrise de la pêche, mais peut-être aussi son assurance devant la fille assise à ses côtés, tranquille et attentive.
Cette photographie, en apparence simple, laisse entrevoir une dynamique subtile : celle du regard de l’autre, du désir de reconnaissance. La pose presque héroïque du garçon — jambe tendue, bras levé, concentré sur sa cible — évoque les gestes rituels de passage à l’âge adulte. Mais dans ce contexte, elle prend aussi une dimension intime, presque théâtrale : il y a là l’ombre d’un jeu adolescent, une manière de se rendre visible, de s’affirmer.
Lesprit, fidèle à son approche humaniste, ne force rien. Elle laisse la scène se construire d’elle-même, en lumière naturelle, sans artifice. Le noir et blanc accentue la densité des matières : l’écorce rugueuse, les vêtements froissés, l’eau calme, tout participe d’un équilibre plastique très maîtrisé. Les lignes obliques des branches et du harpon structurent l’image avec une grande finesse, créant un mouvement visuel qui renforce la tension de l’instant.
En filigrane, c’est aussi un monde disparu que cette photographie évoque : un mode de vie où savoirs ancestraux, autonomie précoce et liens discrets entre les êtres formaient un tout cohérent. « Pêche au harpon » capte un fragment de cette réalité — mais au-delà de l’ethnographie, elle révèle l’universalité d’un geste : celui de chercher à être vu, admiré, reconnu. Peut-être aimé.
La série : Les Gubabingus, Australie
Les Gubabingus sont arrivés sur le territoire australien il y a environ 40.000 ans, probablement avec leurs chiens, les fameux dingos, lors de la période préhistorique, alors que le continent australien était relié à la Nouvelle-Guinée par la péninsule du Cap York.
Ils sont parmi les derniers survivants de la culture paléolithique inférieure, avant l’âge de pierre. Ils ne pratiquent aucune culture ni élevage, vivent de la chasse, la pêche et la cueillette. Ils n’ont ni habitations, ni vêtements, Ils errent perpétuellement dans le désert d’un point d’eau à un autre. Chaque clan a des totems qui gardent leur territoire et leur point d’eau sacré.
Parmi leurs coutumes, il y a celles de l’abandon des vieillards et condamnation à mort d’un des enfants en cas de jumeaux afin de limiter la population.
Les hommes et les femmes vivent séparément. A partir de l’âge de dix ans, les jeunes garçons doivent partir seuls pour deux mois dans le désert et subvenir par eux-mêmes à leurs besoins. S’ils passent ce test de courage et d’endurance et parviennent à revenir au camp, une cérémonie les initie et ils rejoignent les chasseurs.
Les premiers colons sont arrivés en Australie en 1770. Très vite, il s’ensuivit des massacres d’aborigènes et les maladies occidentales les décimèrent.
A partir de 1909, jusqu’en 1969, la loi était celle de « White Australia » : les enfants aborigènes de sang métissé blanc étaient arrachés à leur mère pour être placés dans des institutions et être élevés et assimilés aux blancs.
Jusque dans les années 1930, des milliers d’aborigènes étaient internés et placés dans des réserves dirigées par des blancs. Le sport, le divertissement et l’armée étaient les seuls moyens pour eux d’être acceptés et, pendant la seconde Guerre mondiale, nombre d’aborigènes rejoignirent les forces armées.
Dans les années 1950, le gouvernement mena une politique d’assimilation, par laquelle il était prévu que les aborigènes obtiennent par la suite le même mode de vie que les autres australiens.
Depuis 1976, une restitution partielle de terres aux aborigènes a été engagée. Beaucoup sont retournés sur les lieux de vie de leurs ancêtres – homeland –. Ils vivent dans des réserves appelées « communautés », mais malheureusement, ces groupes subissent les fléaux de l’alcool et de l’acculturation. Leur mode de vie, tel qu’Edith a encore pu le photographier en 1966, n’existe plus.
Le lieutenant James Cook écrivait en 1770 à propos des aborigènes: « en réalité ils sont bien plus heureux que nous les Européens… Ils vivent dans la tranquillité qui n’est pas troublée par l’inégalité de la condition. La terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air très sain… ils n’ont aucune abondance »
Biographie :
Édith France Lesprit est née à Paris en 1937. Elle a étudié l'ethnologie en Grande-Bretagne. En 1964, elle quitte la Grande-Bretagne pour l'Asie. En 1965, elle rencontre la tribu des Iban avec lesquels elle vécut plusieurs mois. C'était le sujet de sa thèse. Par la suite, elle vivra auprès de plusieurs tribus d'Asie dont elle rapporta des clichés testimoniels très importants. En 1967, première rencontre avec Mère Teresa à Calcutta. Elle a obtenu ses diplômes de médecine traditionnelle chinoise en 1975. Entre 1970 et 1980, elle a mené de nombreuses actions humanitaires auprès des missionnaires de Mère Teresa dans les hospices de la Charité à Tejgaon, au Bangladesh, ainsi que dans celle des sœurs salésiennes. En 1976, elle publie "Enfer d'où je viens", un témoignage important sur le Bangladesh, qui a reçu le prix Montyon de l'Académie française. Parallèlement, elle écrit plusieurs romans pour adolescents inspirés par les tribus rencontrées ou par ses actions humanitaires. Certains sous le pseudonyme d'Éric Lestier et d'autres sous son nom. En 1978, elle remporte le Grand Prix de la 7ème biennale azuréenne pour un livre sur la médecine chinoise. Dans les années 1980, elle a mené de nombreuses actions humanitaires dans des camps de réfugiés cambodgiens et laotiens en Thaïlande. Elle a été invitée à discuter de cette question dans le monde entier. De 1990 à 2010, elle a formé les «médecins aux pieds nus» en Éthiopie. (Infirmières locales capables de fournir des soins de base). Elle a aidé dans des colonies de lépreux, des dispensaires de brousse, des orphelinats, des foyers pour patients atteints du sida en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam. Elle a également mené plusieurs actions pour aider les animaux handicapés près de Bangkok. Elle a publié un roman autographique «Le royaume des Dieux oubliés» en 2009, qui raconte son périple avec les Iban de Bornéo. Aujourd'hui, elle poursuit son activité humanitaire dans le monde entier, notamment la construction d'une école de danse classique khmère au Cambodge. "Mon projet consiste à construire une école de danse classique khmère pour former les filles pauvres tout en leur apportant une éducation et des valeurs morales propres aux danseuses khmères. Le but de cette formation est de leur procurer un métier digne de ce nom, qui dissociera les graves dangers qui menacent (prostitution , traite des êtres humains, esclavage au travail), mais aussi permettre au Cambodge de recréer des liens avec son passé et son extraordinaire civilisation puisque la danse khmère est une partie essentielle de la culture cambodgienne. " Elle exposa ses photographies en galerie pour la première fois en 2011, à la Galerie Roussard, avec l'exposition "Tribus".