Artiste : Édith France LESPRIT
Série : Les Bhils, Inde
Titre : Le charmeur de serpent – Les Bhils, Inde, 1968
Technique : Photographie prise par Édith France Lesprit avec un appareil photo Yashica en 1968. Numérisée par le photographe Pascal Danot en 2011 et imprimée, numérotée au crayon et signée au crayon par Lesprit dans une édition limitée à 30 épreuves.
Signature : signée sur le passe-partout
Tirage limité : Édition limitée à 30 exemplaires, numérotées au crayon sur le passe-partout.
Dimensions : dimensions de la photo sans passe-partout: 30 x 30 cm (11,8 x 11,8 pouces)
Notes : La photo est sous un passe-partout blanc 40x40cm, prête à être encadrée. Certificat d'authenticité.
Descriptif :
Dans Le charmeur de serpent, Édith France Lesprit capture une scène emblématique d’un monde à la fois réel et symbolique. Assis à même la terre sèche, un homme joue de la flûte envoûtante face à un cobra dressé, tandis qu’un second homme, silencieux, l’observe. Cette image, d’une frontalité assumée, saisit bien plus qu’un instant pittoresque : elle donne à voir la tension entre tradition, survie et représentation.
Chez les Bhils, peuple ancien et longtemps nomade, la pratique du charmeur de serpents est autant un art qu’un moyen de subsistance. À la fois spectacle pour les voyageurs et geste rituel, elle s’inscrit dans une culture à la fois animiste, agricole et profondément liée à la nature. Mais à travers l’œil attentif de Lesprit, cette photographie ne se résume pas à une curiosité ethnographique : elle nous interpelle sur la précarité d’un mode de vie marginalisé, poussé à la démonstration pour exister.
La lumière crue, les regards directs, la proximité avec l’animal, tout dans cette composition nous confronte à l’ambivalence du regard porté sur l’« autre » : fascination et oubli. Édith France Lesprit, fidèle à son éthique d’ethnologue engagée, parvient ici à suspendre le jugement pour mieux rendre leur humanité à ces hommes, à leurs gestes, à leur résistance silencieuse.
La série : Les Bhils, Inde
D’origine protoméditerranéenne, les Bhils sont des nomades, ancêtres des gitans, dont ils ont certaines coutumes en commun. Le mot «bhil» dérive vraisemblablement de « billee » désignant l’arc, une arme utilisée encore récemment par les hommes de ces tribus dont l’ardeur guerrière était légendaire. Les Bhils se sont sédentarisés en ce regroupant en petit nombre de familles dans différents villages. Comme toutes les tribus, ils font partie de la caste des intouchables, cultivent la terre, et pendant la saison chaude tentent de gagner un peu d’argent le long des routes. Leurs maisons sont faites de terre, bambou, paille et boue. Les tuiles sont fabriquées avec de la terre passée au feu. Les maisons ne sont constituées que d’une seule pièce dans le coin de laquelle sont gardés les animaux pour la nuit (chèvres, zébus…). Les Bhils se sont sédentarités dans la région du Gugarat, en Inde. Bien que territoire restant difficile d’accès, cette région a été beaucoup industrialisée. Riche en minerais, on y a implanté des usines, des entreprises, et la pollution pousse les agriculteurs traditionnels, tels que les Bhils, à la pauvreté et à l’exode. De plus, cette région est fortement menacée par l’exploitation illégale des forêts, où règnent les léopards qui manquent désormais de gibier et depuis quelques années se rapprochent des villages et se mettent à attaquer les humains. L’association Bhasha (« espoir » en hindi) permet à une centaine de villages de la région de développer une agriculture « bio » à très faible coût pour laquelle les villageois empruntent maïs et lentilles à la banque de semences du village au lieu de s’endetter auprès de grandes entreprises semencières. Ils s’entraident pour récolter leurs produits et investissent dans des puits communs car l’eau potable y est rare.
Biographie :
Édith France Lesprit est née à Paris en 1937. Elle a étudié l'ethnologie en Grande-Bretagne. En 1964, elle quitte la Grande-Bretagne pour l'Asie. En 1965, elle rencontre la tribu des Iban avec lesquels elle vécut plusieurs mois. C'était le sujet de sa thèse. Par la suite, elle vivra auprès de plusieurs tribus d'Asie dont elle rapporta des clichés testimoniels très importants. En 1967, première rencontre avec Mère Teresa à Calcutta. Elle a obtenu ses diplômes de médecine traditionnelle chinoise en 1975. Entre 1970 et 1980, elle a mené de nombreuses actions humanitaires auprès des missionnaires de Mère Teresa dans les hospices de la Charité à Tejgaon, au Bangladesh, ainsi que dans celle des sœurs salésiennes. En 1976, elle publie "Enfer d'où je viens", un témoignage important sur le Bangladesh, qui a reçu le prix Montyon de l'Académie française. Parallèlement, elle écrit plusieurs romans pour adolescents inspirés par les tribus rencontrées ou par ses actions humanitaires. Certains sous le pseudonyme d'Éric Lestier et d'autres sous son nom. En 1978, elle remporte le Grand Prix de la 7ème biennale azuréenne pour un livre sur la médecine chinoise. Dans les années 1980, elle a mené de nombreuses actions humanitaires dans des camps de réfugiés cambodgiens et laotiens en Thaïlande. Elle a été invitée à discuter de cette question dans le monde entier. De 1990 à 2010, elle a formé les «médecins aux pieds nus» en Éthiopie. (Infirmières locales capables de fournir des soins de base). Elle a aidé dans des colonies de lépreux, des dispensaires de brousse, des orphelinats, des foyers pour patients atteints du sida en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam. Elle a également mené plusieurs actions pour aider les animaux handicapés près de Bangkok. Elle a publié un roman autographique «Le royaume des Dieux oubliés» en 2009, qui raconte son périple avec les Iban de Bornéo. Aujourd'hui, elle poursuit son activité humanitaire dans le monde entier, notamment la construction d'une école de danse classique khmère au Cambodge. "Mon projet consiste à construire une école de danse classique khmère pour former les filles pauvres tout en leur apportant une éducation et des valeurs morales propres aux danseuses khmères. Le but de cette formation est de leur procurer un métier digne de ce nom, qui dissociera les graves dangers qui menacent (prostitution , traite des êtres humains, esclavage au travail), mais aussi permettre au Cambodge de recréer des liens avec son passé et son extraordinaire civilisation puisque la danse khmère est une partie essentielle de la culture cambodgienne. " Elle exposa ses photographies en galerie pour la première fois en 2011, à la Galerie Roussard, avec l'exposition "Tribus".