BERNARD LIGNON 

///// L'OEUVRE /////

Support et dimensions

Lithographie originale, signée de la main de l’artiste. La feuille mesure environ 65 × 48 cm.

Une composition gestuelle et organique

Au centre d’un espace blanc immaculé se déploie une constellation de formes sombres et éclatées. L’ensemble, constitué de traits incisifs et d’élans courbes, évoque une masse en expansion, comme arrachée au silence du fond. Les noirs profonds, ponctués de rouges ardents et de touches jaunes, créent une tension dramatique et une densité visuelle saisissante.

Une dramaturgie de l’abstraction

L’œuvre ne cherche pas la représentation mais l’impact sensoriel. La gestualité devient langage, la ligne un vecteur d’énergie, le vide un contrepoint indispensable. Lignon y affirme sa filiation expressionniste : une peinture de l’élan, du jaillissement, qui transcende le motif pour atteindre une intensité émotionnelle pure. Cette lithographie est une véritable partition visuelle où se conjuguent force, mouvement et intériorité.

Inspirations et filiations

Dans cette lithographie, Bernard Lignon semble puiser dans l’héritage de l’expressionnisme gestuel et de l’abstraction lyrique. On y retrouve l’énergie explosive des compositions de Georges Mathieu, où la vitesse et la spontanéité du geste confèrent une intensité dramatique. Les masses sombres traversées d’éclats lumineux rappellent aussi certains travaux de Hans Hartung, dont la rigueur graphique et les striures dynamiques résonnent avec le traitement incisif de Lignon. Par la densité chromatique et l’embrasement des rouges, l’œuvre dialogue encore avec l’univers de Nicolas de Staël, qui cherchait lui aussi à transformer la matière picturale en vibration lumineuse. On pourrait également évoquer Jackson Pollock, pour cette même volonté d’arracher la peinture à toute narration au profit d’une énergie brute et organique. Lignon s’inscrit ainsi dans une constellation d’artistes qui ont fait du geste un langage universel, où la couleur et la forme deviennent des vecteurs d’émotion pure.

///// L'ARTISTE /////

Origines et identité artistique

Bernard Lignon (1928–2017), peintre et lithographe français né à Montpellier, appartient à cette génération d’artistes qui ont su faire dialoguer la tradition figurative et l’expressionnisme moderne. Disparu en 2017, il laisse derrière lui une œuvre marquée par une énergie gestuelle et une grande diversité de sujets.

Formation et émergence sur la scène parisienne

Formé à l’École régionale des beaux-arts de Montpellier, il s’installe ensuite à Paris, capitale culturelle en effervescence. Il y fréquente et expose aux côtés de figures comme Yankel, Dauchot et Lelong. Sa carrière connaît un tournant en 1958 lorsqu’il est distingué au Salon de la Galerie Pétridès, aux côtés des plus grands maîtres du XXᵉ siècle : Picasso, Matisse, Renoir, Foujita ou Utrillo. Cette reconnaissance l’inscrit durablement dans le paysage artistique de son époque.

Un univers expressionniste aux multiples facettes

Lignon s’impose par un style expressionniste, énergique et coloré. Son univers iconographique embrasse à la fois les paysages urbains — Paris et Venise en particulier —, les scènes de rue et de port, mais aussi des natures mortes florales vibrantes. Parallèlement, il développe un répertoire figuratif où apparaissent clowns, arlequins et toreros, incarnations d’une théâtralité expressive et dramatique.

La lithographie comme champ d’expérimentation

Au-delà de la peinture, Lignon investit la lithographie, médium qu’il aborde avec la même vigueur. Ses estampes, souvent imprimées sur vélin d’Arches, révèlent une recherche de rythme, de contraste et de mouvement. Certaines d’entre elles s’aventurent vers une abstraction radicale, où la gestualité prend le pas sur toute référence figurative.

Reconnaissance et présence sur le marché

Les œuvres de Bernard Lignon circulent régulièrement sur le marché de l’art. Leur cote oscille selon le sujet et le médium, allant de ventes modestes à des adjudications dépassant les 7 000 dollars, comme ce fut le cas pour un "Clown mit Mandoline". Sa présence récurrente en salle des ventes témoigne d’un intérêt constant pour son œuvre, tant en France qu’à l’international.