"Adam et Ève"
Gravure originale.
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Dimension à la cuvette (hors marge) : 12,5 x 8 cm
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Dimensions avec marges : 17 x 12 cm
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Signée en bas à droite
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Numérotée 2/4
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Titrée
Analyse critique
Dans cette œuvre gravée à l’eau-forte, l’artiste nous propose une relecture symbolique, presque allégorique, du mythe biblique d’Adam et Ève, enchâssé dans une représentation architecturale de la ville de Prague, citée explicitement sur l’œuvre : "Praga Bohemiae Metropolis accuratissime expressa."
Composition et symbolisme
Deux corps nus, homme et femme, se dressent de part et d’autre d’un édifice gothique (probablement la tour de l’Hôtel de Ville de Prague ou une évocation de l’horloge astronomique). Ces deux figures, sculpturales, sont à la fois incarnations charnelles et allégories intemporelles de l’humanité originelle.
L’homme tient dans la main droite une sphère, sans doute la pomme de la connaissance, ou peut-être une allégorie du monde, du destin. La femme, quant à elle, semble presque figée dans une posture hiératique, ses formes accentuées par le travail du burin. La collerette élisabéthaine autour de son cou ajoute une dimension historique et décalée, créant un contraste saisissant entre nudité archaïque et costume Renaissance.
Le fond architectural gothique, finement ciselé, évoque une forme de permanence face à la fragilité du corps humain. La sensualité est ici filtrée par un regard presque scientifique et anatomique, comme si la gravure cherchait à disséquer les origines morales, spirituelles et culturelles de la civilisation européenne.
Interprétation
Cette représentation d’Adam et Ève n’est pas une simple scène édénique : elle interroge la relation entre chair et culture, péché et connaissance, éphémère et éternel. L’artiste inscrit le couple originel non dans un jardin, mais dans une cité : ici, Prague devient une métaphore de l'humanité postlapsaire, un lieu de mémoire, de savoir, de beauté... et d'oubli.